La psychothérapie institutionnelle

Soumis par Clinique de CHAILLES le lun 25/11/2019 - 14:53

La psychothérapie institutionnelle

La clinique de la Chesnaie a été fondée sur le socle théorique de la psychothérapie institutionnelle et a su maintenir ses principes fondateurs depuis 1956.

L'institution thérapeutique, ici la clinique de Chailles, constituée de la clinique et de ses satellites, les associations et leurs prolongements, est le contenant qui rassemble les discours psychiatriques, psychanalytiques, politiques, sociologiques indispensables au traitement souvent prolongé d'une personne et de la prise en compte de son destin. Dans sa définition, la psychothérapie institutionnelle n'est qu'anticipation, mouvement des idées, recherche et accueil de nouvelles scènes soignantes. Elle doit être génératrice d'histoires individuelles et collectives, programmées ou inattendues, comme les vraies choses de la vie.

La Chesnaie est une clinique psychiatrique recevant pour des soins de durée variable, parfois longs, des patients présentant des troubles mentaux le plus souvent graves, évoluant depuis des années, ayant reçu pour la plupart d'entre eux de nombreuses réponses médicales hétérogènes et déliées. La clinique assure également des soins pour la plupart des symptomatologies aiguës (hormis les troubles des conduites quand elles apparaissent au premier plan). L'utilisation des chimiothérapies, la mise à distance de l'environnement affectif quand il est pathogène, la reconnaissance de l'appel à l'autre que constitue le symptôme, permettent en effet maintenant aux équipes de contredire l'idée que la discipline psychiatrique est impuissante à soigner. Mais cela restera une guérison du symptôme. Seule la psychothérapie, quelle que soit sa forme, en tant que fondamentalement traitement par la parole, peut répondre aux effets de remaniements bouleversants, parfois définitifs, que constitue la survenue d'un processus psychiatrique dans l'organisation de la personnalité. Quand le symptôme est plus ou moins aigu, destructeur et déstructurant, la restauration est longue, difficile, aléatoire, parsemée de crises, de rechutes et d'abandons dépressifs. Seule une institution - en tant que système de médiation pour faciliter l'échange de la parole - où il accomplira sa tâche le lui permettra. La Chesnaie, établissement parmi beaucoup d'autres, s'est donné les moyens pour répondre à cette demande très spécifique de soins que peut être la restauration de la personne, de son intégrité psychique.

L'institution n'a pas de limite géographique ; ce sont les personnes qui travaillent et qui se soignent ensemble qui la constituent à la condition que ces personnes se causent, fassent cause commune. Cela peut être un établissement ou un service de secteur. Regrettons, en passant, l'usage tout à fait malheureux du terme de désinstitutionalisation à la place de celui de deshospitalisation : ce dernier suffisait largement pour décrire le mouvement de sortie des malades mentaux hors des murs psychiatriques. Aujourd'hui le signifiant a rattrapé les différents acteurs et sans avoir à parler d'externement arbitraire, le drame de la solitude et de l'isolement touche un nombre croissant de malades mentaux particulièrement désarmés, compte tenu de leur propension à l'autisme, pour y répondre.

L'institution ne peut se penser qu'en tenant compte de ce qui s'y passe, s'y construit, y évolue, en articulation avec l'environnement sous tous ses aspects ; et donc en expérimentation permanente, non comme spéculation gratuite, non comme tentative de se « mettre à l'écart », mais comme laboratoire théorico-pratique au service de tous, et avant tout des malades, ainsi que des collaborateurs des ces derniers que sont les soignants en santé mentale.